Sailtica 2014
Cinq heure vingt trois minutes, ptit dèj rapidement expédié, sandwichs confectionnés à l’arrache, le thermos de thé est rempli à raz bord de sucre et je rajoute un verre d’eau chaude pour faire fondre un peu.
Sur la route personne d’autre que des gros véhicules tractant des embarcations de tous styles aux abords du port de Pornichet. Le ciel est dégagé, l’EST rougeoie et les drapeaux claquent un peu trop fort à mon goût. Arrivé sur cale le kayak est rapidement gréé et je salue mes compagnons et adversaires à pied d’œuvre eux aussi. Pieds gelés il faut le dire. La flotte est dégueu, pas de visi, le vent d’Est alimente la marée descendante et emmène les moutons paître vers les îles de la Baie. Ca tombe plutôt bien, le patern décidé la veille au soir avec les deux loustics devrait pouvoir se faire.
Objectif de ce jour : on fonce sur la patate de la bouée rouge, on choppe les gros qu’il y a dessus et on fonce ensuite aux Evens pour scorer sur les 42/45 dans les passes que je connais par cœur. Après, normalement, on bifurque sur les guérandaises ou, à l’inverse de marée, sur les Troves puis les Oreaux. En fin de journée on fait du « rase paquerettes » de la côte de Ste…. Marguerite et on rentre au port avec au moins 200 points. Classique quoi.
On reste dans les fleurs : choux blanc !! Madame météo (oui, une saloperie de menteuse comme ça ça ne peut être qu’une femme) nous a encore fait la « guerre des roses », et nous l’a mise à l’envers ! Parti comme des balles sous 15/20noeuds de zef plein cul, à la voile pour moi, heureusement, je surfe le clapot jusqu’à destination finale en 30 minutes. Soit 10 de moins que d’habitude. Les guibolles chauffent mais l’entraînement, y a pas, ça a du bon.
Moins bon : le sondeur GPS ne marche pas, malgré une réno complète des connectiques le huminbird n’est pas fait pour être connecté à chaque sortie, la fine couche antioxydante est altérée. Tant pis, on s’en passera, c’est pas comme si on ne connaissait pas la zone.
Mes acolytes sont en pêche, pas besoin de râler, les dérives parallèles s’enchaînent et se succèdent à 4kmh !!! cinq, six passages sur la patate puis derrière : nada. Les échos montrent des cailloux chauves ! Les tempêtes à répétition de cet hiver ont fait une coupe à la tondeuse au sabot de 2 !! Plus de laminaires, et on sent bien que les goémons les plus coriaces ont dû perdre une bonne partie de leur effectifs dans ces combats féroces. Soit, l’Atlantique a parlé fort.Rien là-dessus : on se casse comme prévu.
Branlés comme des coquilles de noix dans un chiotte de chalutier en plein raz de sein on arrive péniblement derrière les Evens. Le soleil commence sa course ascendante mais les températures sont encore très fraîches, les mains picotent, la tronche se dessèche rapidement, le moral aussi…
Je trouve un courant proche des cailloux à l’ouest. Deux mètres d’eau, des roches immergées toutes noires, un banc de bars !! Première touche, un départ digne d’un « maillé », c’est clair. Mais non un 41, merdoum, raté de peu pour le dépucelage du score. Deuxième fish…24cm. Troisième 35up…. Et flûte, c’est un banc de petits. Le gars Willow tape une grosse vieille ; la bourriche du mauvais coté passe sous le kayak et d’un fâcheux coup de drive pour remettre le bateau dans le lit du vent … bref, une vieille cascadeuse est passée entre les pales. Elle décèdera pendant son transfert à l’hôpital.
J’insiste mais au bout de six barsets dont un 41 et deux 40, je capitule et on remonte du mieux qu’on peut contre vent et marée. J’emmène la team près d’un spot en plein jus, c’est un secteur que je connais depuis un bon paquet de temps.
« là bas, entre les deux rochers les gars ! »
J’en chie ma race pour remonter la veine ; les vagues lèvent, c’est le bon spot à mon avis. One shot : one fish ! On est bien placé, les bars doivent être en maraude dans le secteur. Appel au commissaire qui « devrait patrouiller dans le coin »…. Nada. Bref, petite engueulade avec Antlo (en compète je ne suis pas très cool, s’cuse moi ma poule) qui traîne à venir et qui refuse de venir se planter l’hélice sur le plateau malgré les 2m d’eau. Vingt minutes et 500 mètres de dérive plus loin on valide enfin un fish correct mais quand je reviens sur zone le jus est éteint et le poisson n’est plus sur secteur. Enfin, ce que j’en dis… si ca se trouve il n’y en avait qu’un… Zorki pince un 42 « franchement limite » parmi la rafale de barsets ; en tout avec notre vieille on est encore en dessous des 100points.
La VHF nous serre un peu les cotes aux annonces de l’équipe de Brest, pas des branquignols on le savait déjà. Mais on continue nos prospections le couteau entre les dents et la bave aux lèvres. Le « flat » à droite de la plage ne donnera rien, ni au PN ni en surface : on se casse. La marée s’inverse on file sur la barre bouillonnante à l’Est, les vagues brisent, on est dans le jus mais ce spot ne donnera que du pin’s une fois de plus. De beaux petits bars chromés et bien énervés. C’est mimi et rassurant pour l’avenir mais on est pas venu là pour éplucher des légumes, on a un score à monter. Zéphyr continue son éprouvante soufflerie on décide de rentrer. Les gars me mettront au moins 500 mètres dans la tronche. Ils font quelques lancers sur le plateau à droite du port sans succès.
Dimanche voit le soleil se lever dans un voile frais et dans la presque pétole. Malgré mon avis l’équipe passera deux heures en vaines recherches sur un poste autrefois poissonneux mais que les coups de mer ont hélas dévasté. Plus de roches saillantes, encore moins de végétation autrefois luxuriante … tant pis, mauvaise option, nous filons toutes pales dehors vers les Troves. Là bas nous tenterons de déloger un ou deux bébés grassouillets occupés à taper les crabes. Willow nous cogne un 59 qui fera une crise cardiaque pendant la mesure. Les commissaires nous annoncent que c’est arrivé aux autres équipes quelques minutes auparavant. Planté au milieu du « cercle de feu » des Troves je piquerais encore un 41 et deux trois autres 40 super bagarreurs au PN flashminnow et toujours pas d’attaque en surface. Mes compagnons sortiront encore d’autres bars non maillés dont un 19cm tout mimi. Mais on le sait déjà, nous ne seront pas dans les 10 premiers. En tout une bonne bourriche de bars, je penserais environ une petite vingtaine ce qui augure un avenir sympa dans la Baie. Le climat change aussi nos zones de pêche, va falloir retrouver les bons spots.
Voilà, une bien belle compète instruite de main de maître par le trio des Barges et les autres organisateurs. Un grand merci à tous. Et félicitations aux autres kayakistes, surtout les Bretons qui ont fait une bien belle compétition, égaux à eux même. L’année prochaine verra je l’espère de plus en plus nombreuses, s’il le faut je me proposerai à l’organisation spécifique pour cette catégorie. Ca soulagera un peu les organisateurs.
_________________ Pêcheur devant l'éternel.
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